La fontaine des bains
La Fontaine des Bains à Montpeyroux ne coule plus !
Cela n’a pas échappé aux yeux de nombreux montpeyrousiens et des habitués, venus de loin pour certains, qui sont repartis avec leurs bouteilles vides ! Depuis deux semaines environ, la fontaine aux Bains ne coule plus !
« Nous n’avons jamais connu cette situation », indique Claude Carceller, maire de Montpeyroux, « c’est le résultat de la sécheresse et même la source historique datant de l’époque romaine souffre du manque de pluie ».
Le maire a sollicité Nicolas Liénart, chef du service hydrogéologie au Conseil départemental, et également habitant du village et membre du club de spéléologie. Les spéléos sont venus en renfort pour ouvrir l’accès à l’ancien forage communal situé proche de la source. Ainsi, l’hydrogéologue a pu insérer une sonde mesure pour évaluer la situation. Verdict : la nappe d’eau souterraine des Bains se situe à 3,20m sous le niveau du sol de la zone des anciens captages.
En temps normal, l’eau jaillit du forage et il n’est pas possible de descendre de sonde – c’est ce que l’on appelle l’artésianisme. Aujourd’hui, le niveau bas constaté ne permet plus à la nappe d’être suffisamment sous pression pour faire couler la source romaine (la plus haute), et l’ancien forage d’embouteillage qui est raccordé à la fontaine. Voilà pourquoi, sans cette pression naturelle, l’eau ne peut pas remonter pour alimenter les deux becs où les habitués viennent embouteiller le précieux liquide. Et pourtant, la nappe est bien présente sous nos pieds puisque le forage est profond de 40m environ.
« Les nappes d’eau souterraine sont en déficit depuis 3 ans maintenant et l’hiver 2022/2023 n’a pas permis de les recharger correctement », explique Nicolas Liénart, « ce phénomène s’observe sur tout le département, principalement dans la vallée de l’Hérault et le Biterrois. La nappe de la source des Bains n’échappe malheureusement pas à cette situation de sécheresse souterraine. »
L’hydrogéologue nous raconte ensuite l’origine de l’eau de la source des Bains : « Cette eau des Bains provient du plateau du Larzac aux alentours de la Vacquerie. Les pluies s’infiltrent dans les sols et dans les roches calcaires autour du Pic Baudille. Serpentant dans les fissures de la roche, l’eau converge vers Arboras et rejoint le Drac, résurgence temporaire de la nappe en cas de crue et, surtout, site de captage d’eau potable du village (géré par la CCVH). L’eau finit ensuite sa course à la grotte de Clamouse dans le fleuve Hérault. Mais une partie de cette eau s’échappe sur le trajet pour s’infiltrer bien plus en profondeur, au-delà de 400m ! Mise sous pression naturellement par l’eau du plateau et grâce à un réseau de fissures, elle remonte pour resurgir aux Bains après son périple souterrain durant lequel elle s’est chargée en minéraux et surtout s’est légèrement réchauffée – les buveurs de l’eau des Bains savent bien que l’eau est tiède, 21 degrés environ toute l’année.
L’absence de pluie est donc responsable de ce tarissement car il n’y a plus assez de pression dans le réservoir souterrain pour faire remonter cette eau pourtant présente. Les inconditionnels de la source devront donc patienter jusqu’aux premières pluies pour voir leur source tant estimée couler de nouveau.